visible / lisible

Revenir à l’image. Réfléchir à l’image. Non pas l’image poétique ni la figure rhétorique, mais l’image au sens propre : l’objet. Pour que le visible, ainsi, devienne lisible. Choses vues, choses lues, choses faites ou à faire: l’écriture ici, sera une réflexion en acte, comme un écho de la pratique visuelle.

Dans ma production littéraire, depuis fort longtemps, il y a des images. Et dans ma production picturale, il y a (presque) toujours des mots. Sans doute parce que mon territoire premier est celui des mots. Je suis en quelque sorte immigrée en territoire artistique. Avec ce que cela implique d’incertitudes, d’hésitations, d’appréhension quant au regard des autochtones; avec ce que cela demande d’optimisme, de confiance (voire de prétention) pour habiter un espace où on n’est pas née, où on n’a pas été invitée.

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En parallèle de cette envie qui m’anime de passer d’une pratique littéraire à une pratique artistique (visuelle), ma lecture s’oriente de plus en plus vers des ouvrages sur l’art.

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Dans l’art contemporain reconnu, l’installation, la vidéo, le grand (voire très grand) format occupent une place prépondérante.

visible / lisible

Revenir à l’image. Réfléchir à l’image. Non pas l’image poétique ni la figure rhétorique, mais l’image au sens propre : l’objet. Pour que le visible, ainsi, devienne lisible. Choses vues, choses lues, choses faites ou à faire: l’écriture ici, sera une réflexion en acte, comme un écho de la pratique visuelle.

J’ai toujours fait mes vers en m’observant les faire, en quoi je n’ai peut-être jamais été seulement poète.

Paul Valéry, Mémoires du poète

Que ce soit d’un point de vue général (générique?) ou à l’égard d’un projet spécifique, la réflexion sur les enjeux et les méthodes, les prétentions et les doutes, la matière et la manière m’apparait comme un essentiel reflet de ce que j’appellerai, faute de mieux, la fiction.

Cette fabricatio – manière de faire – se déroule donc comme une production théorique, disons, en parallèle, en contrepoint, ou, plutôt, en contre-champ de ce que j’appellerai, faute de mieux, ma production poétique.

fabricatio 12

Il n’y a pas de message. Nulle thèse, nul programme à défendre ou à vendre. L’écriture, ici, n’est pas soumise aux impératifs du sens commun.

fabricatio 11

Je lis L’image fantôme d’Hervé Guibert, qui raconte une photographie qui n’a jamais existé autrement que par ce texte. Et je m’interroge soudain sur toutes les photographies que j’ai prises.

fabricatio 10

Dans une lettre à un ami, je parle de l’idée d’un projet nouveau, qui s’intitulerait Deleatur, à partir de photographies, là aussi. Des images dont je gommerais d’une façon ou d’une autre un élément signifiant, qui se trouverait déporté dans le texte.

fabricatio 09

Avoir envie de façon de plus en plus pressante, prégnante, de travailler sur, à partir de, avec la photo.

fabricatio 08

Si tant est qu’on puisse parler de l’écriture comme d’un art, sa finalité (ou son moyen) est bien de s’affranchir, comme tous les autres arts, de la dictature de la représentation.

fabricatio 07

Écrire, serait-ce donc phagocyter le réel, profiter, au sens le moins noble du terme, des amours et des morts qui nous emportent hors de nous-mêmes ?

fabricatio 06

Avec un a priori disons théorique, voire politique, j’ai toujours refusé l’autobiographie.

fabricatio 05

Il y a toujours plus d’idées que d’objets. Après, lorsqu’une idée devient objet, il arrive que l’objet la dépasse, le faire débordant alors du territoire du penser.

fabricatio 04

Un jour, j’ai choisi d’abandonner le vers. J’ai choisi la phrase, j’ai choisi la syntaxe et la ponctuation.

fabricatio 03

Naguère, je faisais des poèmes. Maintenant, je fais des livres.