Comment ça se fabrique ?
Comment ça s’invente ?
D’où ça vient ?
Et où ça va (en autant que ça aille quelque part) ?
Au fil des jours et des années, depuis celles, lointaines, où j’abordais ces questions sur le mode universitaire, la fabrique de l’écriture est, en soi, un objet d’écriture. Que ce soit d’un point de vue général (générique?) ou à l’égard d’un projet spécifique, la réflexion sur les enjeux et les méthodes, les prétentions et les doutes, la matière et la manière m’apparait comme un essentiel reflet de ce que j’appellerai, faute de mieux, la fiction.
Cette fabricatio – manière de faire – se déroule donc comme une production théorique, disons, en parallèle, en contrepoint, ou, plutôt, en contre-champ de ce que j’appellerai, faute de mieux, ma production poétique.
Et il faudra bien, un jour, que je m’interroge sur cette tentation répétée de recourir au latin lorsque j’invente un titre…

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Avec un a priori disons théorique, voire politique, j’ai toujours refusé l’autobiographie. Pourtant, je dois bien reconnaître que ce refus tenait davantage du déni que de la réalité de l’écriture. Soyons honnêtes, enfin : je pourrais associer un nom, un lieu, un geste, une jouissance ou une peine à chaque texte que j’ai écrit. La mémoire qui s’imprécise avec le temps peut seule me prendre en défaut. Et force m’est de constater que si je puis inventer des formes (avec la prétention de le faire avec un relatif talent), je suis bien incapable d’inventer une histoire. J’écris donc la mienne.