fabricatio

fabricatio 12

Il n’y a pas de message. Nulle thèse, nul programme à défendre ou à vendre. L’écriture, ici, n’est pas soumise aux impératifs du sens commun.

fabricatio 10

Dans une lettre à un ami, je parle de l’idée d’un projet nouveau, qui s’intitulerait Deleatur, à partir de photographies, là aussi. Des images dont je gommerais d’une façon ou d’une autre un élément signifiant, qui se trouverait déporté dans le texte.

fabricatio 09

Avoir envie de façon de plus en plus pressante, prégnante, de travailler sur, à partir de, avec la photo.

fabricatio 08

Si tant est qu’on puisse parler de l’écriture comme d’un art, sa finalité (ou son moyen) est bien de s’affranchir, comme tous les autres arts, de la dictature de la représentation.

fabricatio 07

Écrire, serait-ce donc phagocyter le réel, profiter, au sens le moins noble du terme, des amours et des morts qui nous emportent hors de nous-mêmes ?

11

Je lis L’image fantôme d’Hervé Guibert. Il y a ce texte, qui donne son titre au livre, qui raconte une photographie qui n’a jamais existé autrement que par ce texte. Qui révèle, donc, une image inexistante, sauf dans la mémoire du photographe et de son modèle. Et je m’interroge soudain sur toutes les photographies que j’ai prises au fil des voyages et des pérégrinations urbaines. Qui n’ont été révélées par aucun texte et sont restées stockées dans des boîtes, privées de tout autre regard que le mien.

Ce serait donc comme si l’image, celle que je fabrique à tout le moins, ne se suffisait pas à elle-même, dans une perspective, disons, publique. Comme si, quelle que puisse être la qualité de la photographie, je ne la considérais que comme un pré-texte. Et certaines images, ainsi, demeurent muettes. Je n’entends pas ce qu’elles disent. Sont-elles trop ou trop peu signifiantes ? Je ne sais pas. Et qu’importe. Je prends conscience, là, en lisant Guibert, que je ne peux adopter fondamentalement ou durablement d’autre posture que celle de mon métier : je ne suis pas photographe, je suis écrivaine.

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Je lis L’image fantôme d’Hervé Guibert. Il y a ce texte, qui donne son titre au livre, qui raconte une photographie qui n’a jamais existé autrement que par ce texte. Qui révèle, donc, une image inexistante, sauf dans la mémoire du photographe et de son modèle. Et je m’interroge soudain sur toutes les photographies que j’ai prises au fil des voyages et des pérégrinations urbaines. Qui n’ont été révélées par aucun texte et sont restées stockées dans des boîtes, privées de tout autre regard que le mien.

Ce serait donc comme si l’image, celle que je fabrique à tout le moins, ne se suffisait pas à elle-même, dans une perspective, disons, publique. Comme si, quelle que puisse être la qualité de la photographie, je ne la considérais que comme un pré-texte. Et certaines images, ainsi, demeurent muettes. Je n’entends pas ce qu’elles disent. Sont-elles trop ou trop peu signifiantes ? Je ne sais pas. Et qu’importe. Je prends conscience, là, en lisant Guibert, que je ne peux adopter fondamentalement ou durablement d’autre posture que celle de mon métier : je ne suis pas photographe, je suis écrivaine.