bélisle_marie 

{ manière de faire }

Comment ça se fabrique ?
Comment ça s’invente ?
D’où ça vient ?
Et où ça va (en autant que ça aille quelque part) ?

Au fil des jours et des années, depuis celles, lointaines, où j’abordais ces questions sur le mode universitaire, la fabrique de l’écriture est, en soi, un objet d’écriture. Que ce soit d’un point de vue général (générique?) ou à l’égard d’un projet spécifique, la réflexion sur les enjeux et les méthodes, les prétentions et les doutes, la matière et la manière m’apparait comme un essentiel reflet de ce que j’appellerai, faute de mieux, la fiction.

Cette fabricatio – manière de faire – se déroule donc comme une production théorique, disons, en parallèle, en contrepoint, ou, plutôt, en contre-champ de ce que j’appellerai, faute de mieux, ma production poétique.

Et il faudra bien, un jour, que je m’interroge sur cette tentation répétée de recourir au latin lorsque j’invente un titre…

05

Il y a toujours plus d’idées que d’objets. Après, lorsqu’une idée devient objet, il arrive que l’objet la dépasse, le faire débordant alors du territoire du penser, comme si le texte s’animait d’une volonté propre, produisant sa forme à partir de sa forme, étalant, étirant, disloquant l’idée première. Il arrive aussi que l’objet demeure en-deçà de l’idée, inaccompli en tant que projet, mais produit, fabriqué, autre quoique impensé. Et il advient, rarement, que l’objet soit l’exacte translation dans le réel perceptible de l’image virtuelle que quelqu’une s’en était faite. Alors, lorsque ainsi l’objet est l’idée, quelqu’une sourit (plus que d’habitude).