bélisle_marie 

{ manière de faire }

Comment ça se fabrique ?
Comment ça s’invente ?
D’où ça vient ?
Et où ça va (en autant que ça aille quelque part) ?

Au fil des jours et des années, depuis celles, lointaines, où j’abordais ces questions sur le mode universitaire, la fabrique de l’écriture est, en soi, un objet d’écriture. Que ce soit d’un point de vue général (générique?) ou à l’égard d’un projet spécifique, la réflexion sur les enjeux et les méthodes, les prétentions et les doutes, la matière et la manière m’apparait comme un essentiel reflet de ce que j’appellerai, faute de mieux, la fiction.

Cette fabricatio – manière de faire – se déroule donc comme une production théorique, disons, en parallèle, en contrepoint, ou, plutôt, en contre-champ de ce que j’appellerai, faute de mieux, ma production poétique.

Et il faudra bien, un jour, que je m’interroge sur cette tentation répétée de recourir au latin lorsque j’invente un titre…

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Vouloir toujours inventer quelque chose : une phrase, une forme, une idée, ou un ersatz de soi-même. Obstinément et orgueilleusement croire pouvoir fabriquer un objet qui sans soi ne serait pas advenu. La certitude et le doute du même mouvement convoqués. La nécessaire prétention de quiconque veut créer quelque chose. Ne laissant au-delà du geste d’écriture que l’impossible jugement sur cette part de soi désormais étrangère à soi.

Je cherche toujours l’impensé. Et il ne s’agit pas à proprement parler de création ex nihilo. Il s’agit de relire-relier le connu pour produire une nouvelle forme. Parce que bien sûr tout a été dit plus ou moins. Je sais que je n’inventerai ni l’histoire de l’amour ni celle de la mort. Je veux inventer une forme de l’histoire de l’amour et de celle de la mort.