fabricatio
fabricatio 01
Vouloir toujours inventer quelque chose : une phrase, une forme, une idée, ou un ersatz de soi-même. Obstinément et orgueilleusement croire pouvoir fabriquer un objet qui sans soi ne serait pas advenu.
10
Dans une lettre à un ami, je parle de l’idée d’un projet nouveau, qui s’intitulerait Deleatur, du nom de ce signe qui indique qu’un élément (mot, lettre, espace) doit être retiré. Je travaillerais à partir de photographies, là aussi. Des images dont je gommerais d’une façon ou d’une autre un élément signifiant, qui se trouverait déporté dans le texte. Tout ça n’est pas très précis encore dans mon esprit. Mais j’aime cette idée d’effacement (et le signe deleatur lui-même, très graphique).
Je lui écris, également, que ce nouveau projet m’amène à m’interroger sur ma pratique actuelle, assez décalée, en fait, par rapport à la norme de l’institution littéraire (un livre, puis un autre, en succession). J’aime bien mener de front plusieurs projets indépendants les uns des autres, chacun ayant sa propre « contrainte », mais tous procédant d’une certaine idée de la séquence.
Le courriel part vers son destinataire… et je poursuis ma réflexion. Sur cette volonté de ne pas choisir entre un projet et un autre. Sur cette idée de la séquence. Et sur la contemporanéité de cette démarche, pourrait-on dire, que rendent possible les technologies actuelles de publication.
Dans l’économie traditionnelle de la création littéraire, poursuivre plusieurs li(è)vres à la fois, c’est retarder la publication de chacun d’eux, voire condamner l’un ou l’autre à l’inédition, aucun éditeur n’étant susceptible d’accepter de publier simultanément plusieurs titres d’un même auteur. Dans l’économie numérique, la publication peut se faire au fil de la fabrication, chaque projet se déployant à son rythme, sans limitation ni obligation de format ni de durée. En ce domaine comme en bien d’autres, le numérique brise la linéarité de l’analogique et permet d’instaurer un mode de fabrication (et de diffusion) tabulaire.
fabricatio
10
Dans une lettre à un ami, je parle de l’idée d’un projet nouveau, qui s’intitulerait Deleatur, du nom de ce signe qui indique qu’un élément (mot, lettre, espace) doit être retiré. Je travaillerais à partir de photographies, là aussi. Des images dont je gommerais d’une façon ou d’une autre un élément signifiant, qui se trouverait déporté dans le texte. Tout ça n’est pas très précis encore dans mon esprit. Mais j’aime cette idée d’effacement (et le signe deleatur lui-même, très graphique).
Je lui écris, également, que ce nouveau projet m’amène à m’interroger sur ma pratique actuelle, assez décalée, en fait, par rapport à la norme de l’institution littéraire (un livre, puis un autre, en succession). J’aime bien mener de front plusieurs projets indépendants les uns des autres, chacun ayant sa propre « contrainte », mais tous procédant d’une certaine idée de la séquence.
Le courriel part vers son destinataire… et je poursuis ma réflexion. Sur cette volonté de ne pas choisir entre un projet et un autre. Sur cette idée de la séquence. Et sur la contemporanéité de cette démarche, pourrait-on dire, que rendent possible les technologies actuelles de publication.
Dans l’économie traditionnelle de la création littéraire, poursuivre plusieurs li(è)vres à la fois, c’est retarder la publication de chacun d’eux, voire condamner l’un ou l’autre à l’inédition, aucun éditeur n’étant susceptible d’accepter de publier simultanément plusieurs titres d’un même auteur. Dans l’économie numérique, la publication peut se faire au fil de la fabrication, chaque projet se déployant à son rythme, sans limitation ni obligation de format ni de durée. En ce domaine comme en bien d’autres, le numérique brise la linéarité de l’analogique et permet d’instaurer un mode de fabrication (et de diffusion) tabulaire.