fabricatio
fabricatio 01
Vouloir toujours inventer quelque chose : une phrase, une forme, une idée, ou un ersatz de soi-même. Obstinément et orgueilleusement croire pouvoir fabriquer un objet qui sans soi ne serait pas advenu.
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Je lis L’image fantôme d’Hervé Guibert. Il y a ce texte, qui donne son titre au livre, qui raconte une photographie qui n’a jamais existé autrement que par ce texte. Qui révèle, donc, une image inexistante, sauf dans la mémoire du photographe et de son modèle. Et je m’interroge soudain sur toutes les photographies que j’ai prises au fil des voyages et des pérégrinations urbaines. Qui n’ont été révélées par aucun texte et sont restées stockées dans des boîtes, privées de tout autre regard que le mien.
Ce serait donc comme si l’image, celle que je fabrique à tout le moins, ne se suffisait pas à elle-même, dans une perspective, disons, publique. Comme si, quelle que puisse être la qualité de la photographie, je ne la considérais que comme un pré-texte. Et certaines images, ainsi, demeurent muettes. Je n’entends pas ce qu’elles disent. Sont-elles trop ou trop peu signifiantes ? Je ne sais pas. Et qu’importe. Je prends conscience, là, en lisant Guibert, que je ne peux adopter fondamentalement ou durablement d’autre posture que celle de mon métier : je ne suis pas photographe, je suis écrivaine.
fabricatio
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Je lis L’image fantôme d’Hervé Guibert. Il y a ce texte, qui donne son titre au livre, qui raconte une photographie qui n’a jamais existé autrement que par ce texte. Qui révèle, donc, une image inexistante, sauf dans la mémoire du photographe et de son modèle. Et je m’interroge soudain sur toutes les photographies que j’ai prises au fil des voyages et des pérégrinations urbaines. Qui n’ont été révélées par aucun texte et sont restées stockées dans des boîtes, privées de tout autre regard que le mien.
Ce serait donc comme si l’image, celle que je fabrique à tout le moins, ne se suffisait pas à elle-même, dans une perspective, disons, publique. Comme si, quelle que puisse être la qualité de la photographie, je ne la considérais que comme un pré-texte. Et certaines images, ainsi, demeurent muettes. Je n’entends pas ce qu’elles disent. Sont-elles trop ou trop peu signifiantes ? Je ne sais pas. Et qu’importe. Je prends conscience, là, en lisant Guibert, que je ne peux adopter fondamentalement ou durablement d’autre posture que celle de mon métier : je ne suis pas photographe, je suis écrivaine.