tabula_rasa
bélisle_marie
{ tablette sur table }
L’intelligence est en puissance, comme les choses mêmes qu’elle pense, sans en être aucune en réalité, en entéléchie, avant que de les penser. Il en est ici comme d’une tablette où il n’y a rien d’écrit en réalité, en entéléchie.
Aristote
Une tablette numérique est posée sur une table. Devant l’écran, un clavier qui permet d’écrire. Derrière l’écran, une table, son contenu et son décor. Il s’agit donc de photographier cette table, puis d’écrire, à partir de cette matière première visuelle. Le temps passe, le lieu change, mais la manière de faire est toujours la même. La tablette, chaque fois, est arasée pour que s’y impriment une nouvelle table et un nouveau texte.
Contrairement à l’idée reçue, la locution latine tabula rasa ne réfère pas a priori à une table qu’on aurait débarassée de tout objet, mais plutôt à une tablette dont on aurait arasé la cire pour y tracer de nouveaux signes. Quand j’ai cherché un titre pour ce projet qui s’amorçait, elle s’est imposée comme une évidence.
Et pour occuper l’espace entre l’œil de la lectrice et l’image/texte, je lui offre… un extrait de Tabula rasa d’Arvo Pärt.
tabula rasa 43
tabula rasa
43
Certaines nuits sont blanches. Les villes s’y confondent en un précipité de parfums, de liqueurs et de salives. Des amours vieilles et vives s’y réécriraient presque, pour peu que le poème devienne pont, pour peu que le papier, l’encre et le vin ne trahissent pas l’image.
tabula rasa
43
Certaines nuits sont blanches. Les villes s’y confondent en un précipité de parfums, de liqueurs et de salives. Des amours vieilles et vives s’y réécriraient presque, pour peu que le poème devienne pont, pour peu que le papier, l’encre et le vin ne trahissent pas l’image.