F. B. : Tu as toujours eu une mémoire d’éléphant, tu n’as jamais rien oublié et ça ne doit pas être facile...
R. G. : On écrit des livres.
Romain Gary, La nuit sera calme
Arriverai-je à me souvenir de chacune des chambres où j’ai séjourné ? Curieusement, il me semble que oui. Et j’ai un souvenir aussi précis de certaine chambre où je n’ai passé que quelques heures que de certaine autre où j’ai vécu mille et une nuits. Et par quelle chambre commencer ? Une chambre de l’enfance ? Une chambre de joie ou une chambre de tristesse ? Une chambre d’amour ou une chambre de solitude ? Et cela importe-t-il ? Peut-on ordonner (à) la mémoire comme s’il s’agissait d’un jeu de cartes dont on devrait sérier les enseignes et les figures ?
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Des chambres lointaines ou éphémères, je ne garde le plus souvent que l’image d’un objet, d’une lumière, d’un geste. J’en ai une vision métonymique, en quelque sorte. Y aurait-il là quelque chose de proustien même pour moi qui n’ai jamais vraiment lu Proust au-delà de l’incipit de La Recherche ?