Il faut imaginer Sisyphe heureux.

Albert Camus

Ne pas écrire de poème. Inventer des protocoles absurdes. Ne pas expliquer pourquoi on invente des protocoles absurdes. Faire comme si la vie était un vaste recueil de protocoles. Absurdes.

Constater que les poèmes sont généralement moins absurdes que les protocoles, qu’il y a quatre fois le mot protocole dans ce protocole (six maintenant) et quatre fois le mot absurde (cinq maintenant) et que tout ça ne fait pas un poème. Recommencer autant de fois que nécessaire pour ne pas écrire de poème.

02

Le matin, chez soi ou hors de chez soi, noter le premier mot lu. Le laisser reposer, seul, pendant quelques heures. Sur le coup de midi, noter une couleur qui accroche le regard. S’il n’y en a aucune ou si on se trouve dans une rue de Paris en hiver, inscrire « gris ». Puis, une fois par heure jusqu’au coucher du soleil, écrire un mot supplémentaire : d’abord un adjectif, puis un adverbe, un substantif et un verbe, dans l’ordre, accompagnés si nécessaire d’articles ou de pronoms, et reprendre la séquence au besoin (les jours d’été). Avant d’aller au lit, relire l’ensemble.

Constater que la journée fut bien courte et que tout ça ne fait pas un poème. Aller tout de même au lit. Recommencer en rêve.