bélisle_marie 

{ manière de faire }

Comment ça se fabrique ?
Comment ça s’invente ?
D’où ça vient ?
Et où ça va (en autant que ça aille quelque part) ?

Au fil des jours et des années, depuis celles, lointaines, où j’abordais ces questions sur le mode universitaire, la fabrique de l’écriture est, en soi, un objet d’écriture. Que ce soit d’un point de vue général (générique?) ou à l’égard d’un projet spécifique, la réflexion sur les enjeux et les méthodes, les prétentions et les doutes, la matière et la manière m’apparait comme un essentiel reflet de ce que j’appellerai, faute de mieux, la fiction.

Cette fabricatio – manière de faire – se déroule donc comme une production théorique, disons, en parallèle, en contrepoint, ou, plutôt, en contre-champ de ce que j’appellerai, faute de mieux, ma production poétique.

Et il faudra bien, un jour, que je m’interroge sur cette tentation répétée de recourir au latin lorsque j’invente un titre…

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Écrire, serait-ce donc phagocyter le réel, profiter, au sens le moins noble du terme, des amours et des morts qui nous emportent hors de nous-mêmes ? Ne serait-ce donc que ça, une tentative à la fois désespérée et magique de retenir l’éphémère, d’en faire un in-fini où les mots momifient les êtres et les choses ?

Les mots que l’on donne à quelqu’un nous appartiennent-ils toujours ? Ou sont-ils passés, comme un plaisir reçu ou une douleur subie, irrécupérables et périmés dès lors qu’ils ont été livrés à l’autre ?

Le poème, le livre, doit-il dire de qui il parle, donner à la lectrice les clés ou certaines clés de la fiction ayant précédé et provoqué la diction ?